Inauguration
"Face à cette société devenue étrangère à
elle-même, nous avons dans tous les pays, remarqué l'économiste
André Gorz, deux types de rébellions. D'un côté, les gens culturellement
armés pour assumer leur autonomie exigent la création et la protection,
con6tre le pouvoir de l'Etat et le pouvoir de l'argent, de nouveaux
espaces de solidarités autogérés et d'activités autodéterminées.
De l'autre côté, nous avons la réaction régressive de ceux qui aimeraient
retrouver la sécurité d'un ordre prémoderne, stable, hiérarchisé,
fortement intégrateur, où dès sa naissance chacun a sa place assurée
et assignée par son appartenance à sa nation ou à sa race".
Ignacio Ramonet, Géopolitique du chaos, éd. Folio actuel 1999
L'onde provoquée par la chute du mur de Berlin a semblé, à première
vue, nous avoir fait échouer sur un rivage ensoleillé et tranquille
où une pensée unique, comportant un modèle unique de relations socio-économico-politiques,
s'imposait à chacun.
Quelques années après, on a dû se rendre à l'évidence que les zones
de sables mouvantes sont bien répandues.
La démocratie est encore absente dans grand nombre de pays, imparfaite
ou maltraitée dans beaucoup d'autres. Le système économique du tout-marché,
loin de résoudre les problèmes d'inégalités dans et entre les sociétés,
creusent les écarts et engendrent un nombre croissant de naufragés.
Les mouvements de solidarité locaux, nationaux ou internationaux
cherchent à s'organiser, à se faire reconnaître et à pouvoir faire
entendre leur voix afin que l'Etat et les instances supranationales
tiennent compte de leurs revendications.
Malgré le fait que dans des domaines aussi variés que la santé,
l'éducation, l'environnement, les droits des personnes, et on en
passe, différents groupements ont apporté leur pierre à l'évolution
de législations nationales ou de codifications internationales,
aucun projet d'envergure n'a pu se concrétiser pour offrir les moyens
indispensables à l'action du monde associatif. Ceci étant souvent
perçu comme antagoniste, plutôt que complémentaire, par le monde
politique ; il a longtemps trouvé des obstacles insurmontables sur
le chemin de sa reconnaissance.
Première réalisation de ce genre et de cette envergure en Suisse,
ce n'est certainement pas un hasard si la Maison des Associations
socio-politiques a vu le jour au cour de la Genève internationale
grâce à l'opiniâtreté d'un groupe de personnes issues du monde associatif
et au soutien de quelques élus de la Ville et de l'Etat de Genève.
Afin de garantir la plus grande stabilité possible au projet, en
janvier 1999 a été créée la Fondation pour l'Expression Associative,
une Fondation de droit privé, dotée de mécanismes démocratiques.
Les "verrous démocratiques" introduits dans les statuts supprimaient
les risques potentiels de voir le Conseil de fondation s'éloigner
des buts originels du projet. Le sens de ces articles "verrous"
est d'offrir une grande place au Comité des locataires de la Maison.
Les délégués des associations avaient ainsi la possibilité d'approuver
les nouveaux membres choisis pour le Conseil de Fondation, d'agréer
au préalable toute modification des statuts, d'avoir un représentant
au sein du Conseil de Fondation, d'accepter ou non les nouveaux
locataires. Les utilisateurs non locataires de la Maison des associations
ont également droit à un représentant au sein du Conseil de fondation
ayant voix consultative.
En d'autres termes, les membres de la Fondation n'ont jamais voulu
se poser en superviseurs du monde associatif mais, au contraire,
ont toujours estimé que ce n'est qu'avec le soutien et la collaboration
du monde associatif que le rêve pouvait se réaliser : la Fondation
pour l'Expression Associative est au service du monde associatif.
La Maison des Associations socio-politiques rassemble des organisations
locales et internationales. A elles maintenant de développer cet
outil de travail dans l'indépendance, nécessaire à l'essor des réflexions,
pour le progrès de Genève et de tous les peuples.
Si le partenariat avec l'Etat et la Ville de Genève devra bien se
poursuivre, dans le cadre de la Genève internationale, ce projet
n'appartiendra à personne en particulier et sa réussite dépendra
uniquement de l'apport responsable de chacun.
Genève, 20 septembre 2001
Gianfranco Fattorini, Président
Régis de Battista, Directeur